Projet
de recherche
La forêt
québécoise
au sud du
52e parallèle est une forêt qui a subit de
profonds
changements suite à une
intense exploitation forestière et agricole au cours des
cent
dernières
années.
Pendant la même
période, la
forêt elle-même ainsi que les espèces
animales
à incidence économique ont fait
l’objet de recherches intensives pour caractériser
les
impacts de cette
exploitation.
Par contre, les
carnivores, situés à la tête de la
chaîne
alimentaire, n’ont pas été aussi
étudiés.
Au
Québec, les connaissances
de l’impact de la coupe forestière sur
l’habitat et
la dynamique des mustélidés
demeurent limitées.
À titre
d’exemple,
aucune étude portant sur la martre n’a
été
réalisée sur la rive Sud
du fleuve
St-Laurent.
Pourtant, cette
espèce
est
jugée sensible à l’exploitation
forestière.
Elle est
considérée comme une espèce
indicatrice dans plusieurs
juridiction de l’Amérique du Nord.
Malgré cela, elle
a disparue ou est menacée de
disparaître de plusieurs
régions.
Or, la conservation des
espèces
passe par la compréhension de leur écologie, donc
par
l’examen des composantes
de leur écosystème.
Dans
un
contexte de
modifications profondes de leur environnement, comment expliquer que
cette
espèce puisse se maintenir? Quels sont les impacts des
modifications
anthropiques sur la dynamique de leur population? Les travaux
sylvicoles font
partie des éléments qui pourraient menacer le
maintien
des populations
résiduelles en poursuivant une modification extensive de
leur
habitat.
Au
même moment, les
techniques forestières utilisées en
forêt
boréal sont appelées à changer.
La composition
forestière et l’image
négative
de la foresterie auprès du public font en sorte que les
coupes
totales sont
progressivement appelées à être
remplacées
par des coupes partielles.
L’impact
de ce type d’exploitation sur
l’habitat de la martre d’Amérique
n’a à
peu près pas été
étudié.
L’objectif
de cette étude
est
donc de comprendre comment la martre sélectionne son habitat
à la frange sud de
la forêt boréal québécoise
et de mesurer les
impacts des pratiques sylvicoles
sur ce comportement. Nous désirons
entre
autre vérifier si la coupe partielle a un impact sur
l’habitat de la
martre.
Ceci
nous amène également à
nous questionner sur la validité du lien
martre-forêts
conifériennes matures
sur lequel repose l’idée d’utiliser
cette
espèce comme espèce indicatrice.
Examen
synthèse
Les petits mammifères
comme indicateurs de la durabilité de la gestion
forestière : une critique
La
prise
de conscience de l’impact des pratiques
forestières sur l’écologie des
forêts
boréales et tempérées a
mené les gestionnaires et les politiciens a chercher
des pratiques moins dommageables pour l’environnement.
Cependant, la tâche de
gérer un écosystème en entier
s’est avérée complexe et difficile
à mettre en
œuvre. Dans un esprit de réduire les
coûts et faciliter l’interprétation des
résultats, les gestionnaires se sont tournés vers
le concept d’espèces
indicatrices qui intégrerait la complexité, la
biodiversité et la santé de
l’écosystème en un seul indice.
C’est
dans cette optique que les auteurs Jennie Pearce et Lisa Venier
explorent dans
leur article Small mammals as
bioindicators of sustainable boreal forest
management la
faisabilité d’utiliser les
micromammifères à cette fin. J’examine
ici leurs travaux et critique leurs résultats. Dans cette
optique, j’arrive à
la conclusion que les auteures ne sont pas en mesure de
répondre à la
question.
Elles
omettent d’étudier
certains aspects fondamentaux de l’approche par
espèce indicatrice en
n’examinant pas les liens qui existent entre les
micromammifères et les autres
membres de la communauté, en se rabattant sur un indice
d’abondance (la capture
par unité d’effort) qui ne prends pas en compte la
superficie du milieu, la
valeur adaptative moyenne des individus qui y vivent ou leur
probabilité de
persistance. Par ailleurs, pour jumeler leur approche à la
gestion forestière,
les auteures tentent d’utiliser leurs résultats
pour valider des indices de
qualité d’habitat en comparant la cote
assignées aux catégories d’habitat
à
l’abondance observée. L’absence
d’analyses statistiques à cet effet rend
l’exercice subjectif et difficilement
interprétable. Pour combler ces lacunes,
je reprends le protocole expérimental en y proposant
plusieurs modifications.
Quelques
publications...
- Godbout,
G., 1999. Détermination
de la
présence d'un cycle de
population du lièvre
d'Amérique (Lepus
americanus) au Québec
et des
méthodes de suivi
applicables à cette espèce. Québec,
Faune
et Parcs Québec. 107 p.
- Hardy,
D., Dutil,
J.-D., Godbout, G. et Munro, J. 2000. Survival and
condition of hard shell male adult snow crabs (Chionoecetes opilio)
during fasting at different temperatures.
Aquaculture 189 (3-4): 259-275.
- Godbout,
G., Poirier, M. et Lafond, R., 2001. Méthode
de
caractérisation
du cycle d'abondance du lièvre à l'aide du
dénombrement de crottins, à
des
fin de gestion des animaux à
fourrure. Société
de la
faune et des
parcs du Québec. Direction
du
développement de la faune et Direction de
l'aménagement
de la faune de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Québec.
50 p.
- Gendron,
L., Fradette,
P. et Godbout, G. 2001. The
importance
of rock crab (Cancer
irroratus)
for growth, condition and ovary development of adult American lobster (Homarus americanus).
Journal of Experimental Marine Biology and Ecology 262 (2): 221-241.
- Godbout,
G., Dutil, J.-D.,
Hardy, D. et Munro, J. 2002. Growth
and
condition of post-moult male snow crab (Chionoecetes opilio)
in the laboratory. Aquaculture
206 (3-4): 323-340.
- Dutil,
J.-D., Godbout, G.,
Blier, P.U., Groman, D. 2006. The effect of energetic condition on
growth dynamics and health of Atlantic cod (Gadus morhua). Journal of
Applied Ichtyology, 22 (2): 138-144.
- Godbout, G. et J.-P. Ouellet 2008. Habitat selection of American marten in a logged landscape at the southern fringe of the boreal forest. Écosciences, 15 (3): 332-342.